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Le
mouvement c'est la vie
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La
danse et le feu (1952-1976)
Corine et sa sœur
jumelle sont nées dans le 8ème arrondissement de Paris le
7 mars 1952. Poisson ascendant Taureau. J'ai toujours cru que la gémellité
était plus forte que tout ; il faut croire que Corine a bien su
concilier vie publique et vie privée car elle n'en a presque jamais
fait mention. Famille de filles : cinq en tout, sans compter la mère.
Education de petite fille modèle à la sauce bien comme il
faut : cours de danse dès 4 ans, leçons de piano, résultats
scolaires exigés.
La danse prend une place importante dans sa vie. Et pas uniquement dans
la vie que ses parents lui construisent. Elle a un sens inné du
rythme. Pas le rythme de sa vie, le rythme de la vie, le mouvement, celui
qui transpire dans la musique. On lui refuse l’accès au concours
des Petits Rats de l'Opéra. Elle chante à tue-tête
le soir dans son lit. Le rythme donc, celui de Fats Waller ou Bessie Smith
qui traînent en 78 tours depuis une année passée par
ses parents aux USA en 1949. Oui, le rythme universel, celui des esclaves
noirs : celui du blues.
Elle arrive à l'adolescence armée de ses seules lectures
romantiques ou de son admiration pour Barbara. Oui, elle est bien tombée
"amoureuse" d'un de ses profs, elle tenait un cahier intime
et elle adorait les confidences. Des années consacrées aux
études au Lycée Camille Sée dans le 15ème
arrondissement de Paris, dans un stéréotype d'éducation
parfaite. Et puis il y a mai 1968. Corine a 16 ans. Comme tant d’autres,
elle s'ouvre et jaillit, s’active au sein du Comité d’Action
Lycéen. Tellement qu'elle rate son bac (pour un demi-point en maths
!). Elle redouble au Lycée Victor Duruy, année dont elle
ne retient que son exposé sur la naissance du blues présenté
en cours d’anglais.
Son bac scientifique dans la poche, elle s’inscrit néanmoins
en fac d'anglais et progresse surtout dans l’exploration de la contestation
et du militantisme. Elle découvre la glande, sport officiel déjà
à l'époque, les concerts et les longues discussions au café.
Elle joue beaucoup mieux au flipper…
La révélation se poursuit aux USA : en 1972, Corine part
pour une année comme fille au pair, à Princeton, dans une
famille de physiciens. Elle s’adonne à la liberté
et fume ses premiers pétards. Elle regarde et absorbe. C'est le
moment des grandes manifestations contre la guerre du Vietnam.
De retour en France, elle comprend qu’il est hors de question de
reprendre le rythme du giron familial.
Famille difficile, d'un point de vue psychologique. La rupture est violente.
Oui, Corine est partie d'chez ses parents avec trente balles en poche.
Les petits boulots, elle les a tous faits ! Elle le répétera
plus tard, quand le succès de TELEPHONE sera là et que les
journalistes lui sortiront l'argument de la jeunesse bourgeoise.
A l'époque, elle connaît aussi les soirs dans un club à
chanter du Dylan… Mais surtout, elle renoue avec la danse. Parmi
tous ces trucs qu'on vous impose étant gosse, vous ne gardez rien
quand vous vous faîtes la malle. Corine, elle, a gardé la
danse. Parce que c'était vivant en elle. Pendant un temps, elle
est danseuse de claquettes avec des potes blacks d'Ivry.
En 1974, Corine emménage avec des amis dans une maison à
Saint-Cloud, à côté du chemin de fer. Il y a là
aussi les copains de passage, dont Louis Bertignac - ami très proche
depuis un an – qui amène Jean-Pierre Kalfon, Jacques Higelin,
Valérie Lagrange. On y croise aussi Jean–Louis Aubert, les
futurs Diesel, Olive, et d’autres, et puis Richard Kolinka et son
ami bassiste Daniel Roux. La maison tourne à la musique, à
la dope, aux remises en question sans fin, aux utopies, enfin disons aux
rêves et aux explorations, quoi !
Louis habite quelques temps à Saint-Cloud, car la relation amicale
est devenue relation amoureuse. Corine joue de la batterie, mais au milieu
des groupes improvisés, c'est la basse qui est le plus souvent
libre, d’autant que Louis est gavé par la virtuosité
encombrante des bassistes de l'époque. Le manque de technique de
Corine associé à son instinct lui conviennent parfaitement.
Ils entrent tous les deux dans le SHAKIN’STREET de Fabienne Shine
et Eric Lévy pour trois mois - en fait la tournée de l'été
1976 - quatre concerts à Paris et le premier Festival Punk de Mont-de-Marsan
le 21 août 76. Puis Louis est appelé à la rescousse
par Richard et Jean-Louis pour un concert unique au Centre Américain
à Paris. Il amène sa bassiste avec lui. C'est le 12 novembre
1976.
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Bassiste
du groupe Téléphone (1976-1986)
"Je
ne suis pas bassiste ; je suis bassiste de TELEPHONE". Celui qui
n'a jamais entendu cette phrase n'a jamais écouté Corine.
Son avenir s'est joué pratiquement sans elle. On connaît
l'histoire : Jean-Louis et Richard doivent assurer un concert au Centre
Américain, à Paris, mais leur groupe, SEMOLINA, splitte
quelques jours avant. En fait, Daniel Roux est parti pour de graves problèmes
personnels. Louis tiendra la guitare, c'est sûr, et il faut faire
vite : le groupe n'a pas de nom, pas de public et pas de bassiste ! Malgré
un Jean-Louis qui ne veut pas de "gonzesse", c'est bien une
nana qui tient la basse de ce groupe de l'urgence, fin 1976.
Son profil n'est pas celui des trois autres. Elle vient d'un univers musical
différent fait de vieux jazz, de blues, de folk et de gospel. Elle
n'a rien d'un requin, d'une musicienne acharnée ou d'une technicienne.
Son don, c'est l'absence d’habitudes de jeu ou d'artifice, un sens
du rythme rare, influencé par les rythmes hypnotiques africains.
Elle est aussi impulsive, pleine d'une énergie et d'une foi qu'elle
libère en partie dans la cave des débuts, mais aussi et
surtout sur scène. Elle est prête à crever pour un
concert : c'est elle qui le dit. Elle y vit une sorte de communion.
En 1976, Corine entre dans TELEPHONE et c'est tout. A la limite, on peut
dire qu'elle court après un idéal, mais sûrement pas
après un compte en banque bien rempli ou un passage au 20 heures
de TF1 !
Elle considère le groupe - et elle le considèrera toujours
ainsi - comme une alchimie, et c'est précisément ça.
Sa carrière colle donc à celle de TELEPHONE. Sexe &
drugs & rock'n'roll ? Oui, un peu, c’est l’époque
qui veut ça.
Dans la presse, Corine est souvent décrite comme douce, astucieuse
mais on lui prête aussi un caractère de cochon. "Si
belle et si dangereuse" dit Manœuvre. La belle et dangereuse
que Rock & Folk transformera, le temps d'un pied de nez aux
Majors réunies au Midem à Cannes, en Edouard Kriek et sa
Mutuelle, en mars 1981. Look gamin parisien. Impossible à reconnaître.
A voir absolument !
Le 1er album du groupe (appelez-le Anna ou TELEPHONE,
peu importe) est celui qu'elle préfère: c'est le plus proche
de ce qu'est TELEPHONE, un groupe de scène. Brut, franc, ce qu'on
essaye toujours de retrouver plus tard, mais qu'on ne retrouve jamais.
Sur la pochette, c'est elle qu'on voit en avant. Naturelle, en mouvement,
tout est là, sur la couverture. Du côté album toujours,
sur la fameuse pochette du second LP, Crache Ton Venin, elle
est la seule à porter quelque chose (pas grand chose, me direz-vous,
juste une boucle d'oreille !). Une pochette qui fait scandale, elle a-do-re
ça ! Elle en rajoute même une couche en parlant du polaroïd
fait de dos…
Le premier film dans lequel elle apparaît est, mais oui, TELEPHONE
PUBLIC en juin 1980. Les caméras de Jean-Marie Perrier ont
suivi le groupe en tournée, au Palais des Sports et à la
Fête de l'Huma en 1979. Martin Rushent a mixé le son. Le
film est présenté hors compétition à Cannes,
ce qui vaut à Corine d'être dans les très officiels
"500 noms qui ont fait Cannes" ! Il faut la voir parler de désillusion,
de mouvement, de drogue, de fric ou de solitude ; de machine à
écrire dans la gueule d'un patron, des rêves à avoir
qui sont de la science-fiction, et puis de sa vocation de bonne sœur.
Ce film nous en apprend une bonne tartine sur elle, sur sa maturité.
Quelques minutes d'interviews qui en disent beaucoup.
Du haut de son mètre-soixante, Corine est une femme libérée
avant l'heure : installée dans un appartement décent, elle
dépense tout ce qu'elle gagne pour elle et ses amis et roule en
125 Honda. Féministe et rebelle, à sa façon, quand
elle lance des piques assassins sur le machisme évident d'un Mick
Jagger malin et hautain. Et puis elle a trouvé sa basse idéale
: la Fender Précision 1966 série L. Alors tout va bien…
Pas si sûr. Corine n'est pas si libérée que ça.
Humainement, elle porte souvent TELEPHONE ; et pas que le fric du groupe.
Elle veut démystifier l'image du groupe, et c'est bien normal.
Elle n'aime ni l'adulation, ni le phénomène de groupies.
De toute façon, elle est crainte par les groupies des trois mecs,
et ça aussi, ça paraît logique.
Sa création, écartée ou limitée ou inhibée
jusque-là, se dévoile un peu sur Dure Limite.
Même si elle ne se sent pas vraiment créatrice, Corine écrit.
Elle part de ce qu'elle connaît le mieux - le rythme - pour créer
des mélodies à la basse. Elle compose donc, avec un bon
coup de main côté paroles de Jean-Louis, Le Chat
et elle chante enfin ! Le titre est enregistré dans l'urgence (prise
directe sauf pour la voix et le trombone), avec le temps que les autres
ont bien voulu accorder mais surtout qu’elle-même a bien voulu
s’accorder. Je l'aime, moi non plus : Le Chat est intégré
après moult remous dans l'album, finalement retenu grâce
au producteur Bob Ezrin (qui avait d'ailleurs conseillé à
Corine de boire de l'alcool pour le chant). Boire pour se laisser aller,
un vrai remède de rocker, ça !
Echo positif de la presse, écho très fort du public en concert,
il n'y a que Christophe Nick pour détruire la chanson (surtout
les paroles) dans son livre sur TELEPHONE. Jean-Louis y parle d'une coexistence
"difficile, voire même orageuse, voir même guerrière"
! Epoque un peu tendue où Corine se lâche dans la presse
en parlant des trois autres comme de gamins pourris par le fric et leurs
rêves de stars. Dure Limite n'est rien d'autre que la fin
d'un groupe d'ados. Quelque chose de TELEPHONE se meurt.
Corine écrit poèmes et chansons. A l'époque, elle
propose aux trois autres Les Bêtes pour l'album Un
Autre Monde : la chanson vient d'une copine qui lui disait "plus
j'vois les hommes, plus j'aime les bêtes" et d'un documentaire
sur les lions. Juste une association. Simple, en somme. Mais la chanson
restera dans ses cahiers.
A la rentrée de 1984, magie de l’amitié, elle écrit
à l’arraché les paroles de deux titres pour le film
Subway de Luc Besson. Le projet a pris beaucoup de retard avec
le changement des acteurs qui devaient être à l'origine Charlotte
Rampling et Sting. Dans l'urgence, Corine signe It's Only Mystery
avec Eric Serra qui a composé les mélodies et Louis
qui a apporté finesse et émotion aux arrangements. Elle
cosigne aussi la face B, Guns And People. Eric Serra veut sortir
Guns And People, Corine préfère It's Only Mystery
et elle a raison ! Le titre, chanté par Arthur Simms, fait un carton.
Elle n'a pas été encouragée par le groupe : travailler
hors de TELEPHONE est assez mal vu par… par qui au juste ? Passons…
Ses collaborations extérieures continuent pourtant : elle tourne
Moi Vouloir Toi en 1985, avec Jennifer et Gérard Lanvin.
Amie de Jennifer, elle devait au départ superviser le casting des
groupes et la musique. Finalement, elle joue dans le film, avec la confiance
de Gérard Lanvin qui voit en elle une actrice dans l'âme.
Mais Corine n'est pas emballée lors du tournage, ni satisfaite
du résultat (elle n'a jamais été complètement
satisfaite de son travail, donc rien d'étonnant).
Elle produit également avec Louis le titre de la B.O. par les Blessed
Virgin (Je les regarde encore).
La vie de TELEPHONE continue tant bien que mal. Une attachée de
presse indépendante du Tout Paris a été engagée
par le manager du groupe pour une promo de choc du single Le Jour s’est
levé. Après une n-ième émission, chez Dechavanne,
Corine propose une année sabbatique pour faire le bilan calmement
et se poser les bonnes questions. Comme elle le dit elle-même, ce
single, c'est plus du Aubert que du TELEPHONE. On est à la fin
de l'année 1985. Louis songe à un projet solo. L’ambiance
dans le groupe a tourné à l’aigre.
L'idée de l’année sabbatique passe mal. Virgin et
le manager François Ravard harcèlent Corine. Il faut dire
qu'un double album est en chantier et qu'est prévue une tournée
avec sept soirs à Bercy ! Sous la pression, Corine revient sur
sa décision. Mais après deux répétitions,
tout part en vrille. Jean-Louis décide alors de faire cavalier
seul officiellement cette fois-ci.
Finalement TELEPHONE se sépare le 3 mars 1986. Pour des raisons
d'égo, de reconnaissance, de fric… c'est leur histoire…
et celle du monde.
Corine est usée par les années TELEPHONE. Son investissement,
comme celui des trois autres, était entier. La séparation
était un acte fort et douloureux qu'elle n'a pas fini de payer,
sachant tout de même que c’était la meilleure chose
à faire.
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Tourbillon
de la vie (1986-1990)
Corine poursuit son
propre chemin. Elle pourrait bien être assistante de Luc Besson,
sur un projet de reportage consacré à la Birmanie pour l'association
Médecins Sans Frontières. Projet abandonné.
Dans ces conditions, ces périodes de vide, la musique revient vite.
Via Louis, bien sûr ! Progressivement, Corine reprend du service,
tout en essayant de garder son propre chemin en parallèle, pour
ne pas faire deux fois la même erreur. Reprendre du service avec
Louis, cela veut dire trouver des musiciens, un manager, du matériel
; cela veut dire aussi s'occuper des personnes, des paroles, des musiques,
des contrats, mais aussi de la bouffe et du ménage ! Finalement,
Corine n'a pas vraiment le temps de s'occuper d'elle. Même pas du
tout. Elle avait fait un trait sur sa vie de femme pendant dix ans ; belote
et re-belote.
Sans le vouloir, elle repart dans des histoires de galère. Ou plutôt
de jonque ! En juillet 1986, le groupe formé de Louis, Corine,
Hafid, Serge et Loy s’envole pour New-York et donne un concert sur
une jonque La Belle de Canton, sous le marrainage (parité
oblige !) de Danielle Mitterrand. A leur retour à Paris,la presse
en fait bien écho (normal, TELEPHONE est encore frais dans les
mémoires, avec la sortie du Live). On a d'ailleurs l'impression
de retrouver une Corine bassiste de TELEPHONE, mais juste avec un autre
groupe, qui se cherche un nom. LES IMPROVISATEURS ?
En parallèle, Corine a soif d’apprendre. Elle dévore
livres et articles sur tout ce qui concerne l’humain, la psychologie
entre autres. Au cœur des répétitions, dont certaines
à l'Usine Ephémère, Corine a de plus en plus un rôle
de soutien et de lien. Elle ajoute sa patte à ce que lui soumet
Louis, suivant les besoins. Deux mois et demi de studio viennent à
bout de l'album Bertignac et les Visiteurs qui sort en 1987. On en retient
évidemment Les Bêtes, qui a enfin trouvé
sa place.
Fidèle à sa nature, c'est sur scène que Corine retrouve
toute sa pêche. C'est d'ailleurs ce qui la motive. Une tournée
sous le sponsoring de la Carte Jeunes SNCF permet au groupe de se faire
reconnaître, avec deux singles de bonne facture, Rêves
et surtout Ces Idées-là qui cartonnera à
400 000 exemplaires !
Malgré des salles assez peu remplies, le groupe reçoit toujours
un excellent accueil. Retour aux sources pour Corine qui renoue avec la
fraîcheur, la disponibilité et l'absence de frime des débuts
de TELEPHONE.
Noël 1987, Corine part pour Beyrouth avec un ami de Médecins
du Monde. Expérience inoubliable dont elle garde une trace sur
pellicule : un film en V8, qu'elle a réalisé et monté,
et qui sera d'ailleurs diffusé sur Canal + dans une émission
de Michel Denizot. Pour quelle raison faire ce film ? Certainement pour
partager une vision et une interprétation de ce qui se vit sur
notre planète. C’est ce qu’elle faisait déjà
dans TELEPHONE et qu’elle tente de faire partout où elle
passe. Parce que les rêves sont des rêves, et qu'y croire,
c'est de la science-fiction. La vie est là, il faut la saisir comme
elle est.
Retour à la réalité musicale avec une période
de promo, travail ô combien pénible pour Corine (comme pour
Louis). Pour le single Rêves, LES VISITEURS - qui ne seront
bientôt plus que quatre, Serge étant sur le départ
- débutent chez Dechavanne (Panique sur le 16) une promo, déguisés
en représentants des différents cultes. Corine est habillée
en bonne sœur. Scandale chez les cathos purs et durs qui font exploser
le standard de TF1…
Déjà un nouvel album se prépare. Et un titre circule
: Jack qui sort en single et maxi 4 titres.
La promo de Jack est soutenue par une autre arme imparable :
le clip ! Le tournage du clip de Jack a été un
petit bonheur pour Corine. Le réalisateur, Costa Kekemenis (à
qui l'on doit Les mains, prix du jury à Cannes en 1986,
des clips pour Souchon, Les Innocents…) croit beaucoup à
Corine comme actrice. Créatif et drôle, le réalisateur
devient d'ailleurs un ami.
Pendant ce temps, la valse des VISITEURS continue. Composé de Louis,
Corine, Nico, François et Hafid, le groupe entame une tournée
dont sera extraite une vidéo réalisée au Danemark
durant le Festival de Roskilde par une chaîne de télé,
le 2 juillet 1988.
Nouvelle occasion pour Corine: Canal + prépare pour le bicentenaire
de la Révolution Française une série de téléfilms
intitulée Les Jupons de la Révolution. Corine rencontre
un des réalisateurs qui lui propose de composer un titre pour des
chanteurs de rue qui parleraient de Talleyrand. Elle associe Louis au
projet, et finalement, à la demande du réalisateur, Corine
et Louis se retrouvent à jouer les rôles des chanteurs de
rue, révolutionnaires et chroniqueurs populaires.
1989, année de flottement… Quelques tournées, Finlande,
URSS…
Corine est toujours là, avec les deux VISITEURS restant, Louis
et Nico. Les trois se demandent avec quel batteur ils rêveraient
de jouer.
Une fois retirés Charlie Watts (pour cause des pierres qui roulent
toujours) et Keith Moon (pour cause de mort prématurée),
la troisième marche du podium est occupée par Topper Headon,
le fameux batteur des CLASH. Ils essayent alors de contacter Headon à
Londres. Et cela tombe bien : il vient de sortir de 15 mois de prison
pour une histoire de drogue. Reconverti en chauffeur de taxi (un CLASH
chauffeur de taxi !), Headon accepte la proposition des VISITEURS.
Corine s'investit sans relâche: elle mène une vie de cinglée,
s'occupant toujours beaucoup plus des autres que d'elle-même. Headon
a encore la tête au fond du sac. Enceinte, Corine continue de s'occuper
de Headon et de sa femme, alcooliques, accros et indécrottables.
Elle les amène même voir une chamane en Ardèche pour
les aider à décrocher ! Malgré des conditions pénibles
à vivre, Corine garde d'excellents souvenirs de l'époque,
entre autres le souvenir d'un concert survolté au Palais des Sports
pour Canal +.
Et puis Topper repart, ayant épuisé les forces et la patience
de Corine.
Petite intrusion dans la vie de Corine : sa fille a été
conçue en avril 1989, en URSS, durant la tournée. Nouveau
cap dans sa vie ? On serait en droit de le croire.
A la veille de leur nouvel album, LES VISITEURS reprennent Pas assez
de toi de la Mano Negra pour la compilation Diversion de Virgin.
L'album Rocks sort dans la foulée. Hervé a rejoint
le groupe à la batterie.
Les musiciens viennent et partent, l’enfant est né, Virgin
mise plutôt sur Jean-Louis Aubert pour récupérer le
public de TELEPHONE, Corine se lasse, mais continue de tout porter à
bout de bras. Le clip de Tout le monde ment arrive juste après
la naissance de sa fille. Corine change, devenant plus mère que
musicienne. En cette fin de 1990 pour la tournée de Rocks,
elle commence même à se demander ce qu’elle fait là,
sur scène !
Le 1er janvier 1991, elle annonce à Louis et à Virgin qu’elle
se retire provisoirement.
LES VISITEURS n’existent plus.
L'idée du cinéma est toujours là. Elle propose son
book, un book naïf, d'une rare franchise. Corine y est tour à
tour tendre, froide, sincère. Extrait :
" J'ai connu de près : La route. La nuit. Le succès.
La descente. L'amour. Le mensonge. La drogue douce, dure, intéressante,
destructrice. Beyrouth. Le reportage. La télé. L'URSS. Les
Etats-Unis. La maternité. La solitude. Le cosmique. La jalousie.
Le suicide (raté hé hé ! on est con quand on est
jeune !). Mai 68. Les situationnistes. La danse. La musique. L'écriture.
Le doute. La joie. La mer. La montagne. Des vedettes ! Beaucoup de vedettes
! La moto. Les groupies. Un centre tibétain. L'homéopathie.
La tai-chi. Et puis l'amour, et même l'Amour, toujours là
quand on en a vraiment envie. "
Mais surtout, elle entame un travail de transformation et de reconstruction.
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Hauts
bas fragile (1990-2001)
Le
"lost week-end" de Corine dure près de trois ans. Et
ce n’est pas du temps perdu. Elle met presque totalement de côté
la musique, sa vie tournant autour de sa fille et d'elle-même. Après
ces quinze ans passés sur les routes et dans les studios, Corine
est maman, voilà sa principale préoccupation.
Elle quitte le monde du spectacle pour faire un voyage intérieur.
Principal outil de sa reconstruction : une rencontre et une thérapie
avec un philosophe et psychologue- clinicien spécialiste de l’enfermement,
un homme hors du commun qui reçoit des comédiens et des
artistes du monde entier. Corine s'intéresse : elle retourne à
l'école, apprend l'anatomie, la physiologie, les médecines
naturelles, la psychologie, les techniques thérapeutiques traditionnelles
physiques et psychiques. Elle fait des expériences de télépathie
et de modifications d’états de conscience qui transforment
son approche des mystères de l’existence et de la destinée
humaine.
Mais la période à son revers matériel : sa situation
financière devient inquiétante. Heureux coup de main du
destin, des compilations de TELEPHONE sortent à l'époque
chez Virgin et font un véritable carton. Rappels seul
fait plus d'un million d'exemplaires ! Cela va avant tout lui permettre
de prendre un peu le temps.
Corine réfléchit sérieusement à une carrière
d'actrice et fréquente différents ateliers et stages. Dans
ces cours où se retrouvent les acteurs en attente de rôles,
elle travaille avec des gens comme Marie Trintignant (ex-femme de Richard
Kolinka), Gabrielle Lazure, Anne Parillaud, Boris Bergman, Anthony Delon
ou encore Marushka Detmers.
Mais les propositions qu'elle reçoit sont sans imagination (un
rôle de bassiste dans un groupe de rock !) ou alors les projets
n’aboutissent pas.
Elle passe des castings. L'expérience n'est pas toujours agréable,
parfois humiliante.
Robert Wise, le réalisateur de West Side Story a voulu
rencontrer Corine pour le rôle d'une fermière polonaise qui
cache des prisonniers évadés du camp voisin d'Auchwitz.
Mais ce projet n'a pas abouti lui non plus.
Preuve irréfutable de son retrait, Corine ne travaille pas sur
le premier album solo de Louis, Elle & Louis. Malgré
son nom cité dans les remerciements de l'album (pour le cœur),
c'est la première fois que Corine ne vient pas aider Louis.
C'est Ramuntcho Matta qui, en 1993, réveille la motivation de Corine
: l'ex-compagnon d'Elli Médeiros prépare un album consacré
aux nouveaux-nés, et propose à Corine d’y participer.
L'album voit le jour, sans le titre de Corine, pas à la hauteur
de ce qu'elle attendait.
Mais elle recommence à travailler sur des titres, et c'est là
le plus important. Naît alors l'idée d'un album solo.
Si Corine n'a pas suivi Louis en studio, elle lui est fidèle sur
scène. Elle est présente à presque tous les concerts
parisiens du guitariste. Quelquefois sur scène, au micro et même
à la basse, mais souvent dans la salle, parmi les spectateurs,
discrète. Tentation mêlée de peur, peur de ne plus
savoir. Mais Corine est là. C'est le cas en ce début 1994,
à Bobino pour le Festival Débranché Europe 2 : d'abord
dans le public, elle finit par monter sur scène, appelée
par Louis, pour les chœurs de plusieurs titres. Moment simple mais
fort qui traduit la complicité des deux. On la sent émue.
Encore une question de complicité quand Corine monte sur scène
pour le dernier titre de Bertignac sur la scène du Bataclan le
26 mai 1994. Beau concert que celui-là. Après deux heures
de set réussi, Louis appelle celle qui se cache au fond de la salle,
près de la sortie. Elle traverse toute la salle au milieu du public,
et Ces Idées-là conclut le concert avec Corine
aux chœurs. La suite va bien au-delà de ce qu'on pouvait imaginer.
Rien de prévu, d'organisé, juste un truc qui devait se passer,
et que Louis a peut-être un peu aidé. Il fait venir Richard
et Jean-Louis des coulisses pour une reformation expresso de TELEPHONE.
Et Corine refuse d'abord de prendre la basse, laissant l'instrument à
Martin, alors bassiste de Louis, pour Un Autre Monde, se contentant des
chœurs. C'est appelée, poussée, suppliée par
le public, appelée comme rarement des artistes sont appelés,
que Corine prend finalement la basse. Elle avait simplement peur de ne
plus être capable de jouer. Le groupe réuni reprend quatre
titres. Et le son l’emporte. "Pavlov reflex" dira plus
tard Jean-Louis. Au delà de la force de leur musique, pour Corine
il y a le bonheur de retrouver des sensations importantes et profondes.
Avant de partir, le public a inondé la salle et la scène
de "mercis, mercis" poignants qui la laissent en larmes. Retour
dans le grand bain pour celle qui voulait couper un peu les ponts…
Corine revient timidement avec une basse entre les mains en avril 1995
; apparition surprise aux côtés de Renaud sur Canal + pour
un En Cloque live, dans une émission consacrée
aux femmes enceintes. Deux mois plus tard, elle participe à la
fête des 100 ans de Gaumont à Nanterre : Louis y joue avec
le groupe de NPA. Corine monte pour les chœurs sur Angie
et Gimme Shelter. Puis elle prend la basse pour Sympathy
for the Devil et Honky-Tonk Woman, et même la batterie
pour Hey Joe !
Les médias s'intéressent de nouveau à elle, à
son expérience, à son point de vue. On lui parle de rock
et de femme. De femme et de rock. Et un peu de TELEPHONE bien sûr.
Elle parle de son expérience :TELEPHONE comme un univers, Richard
l'Air, Jean-Louis le Feu, Louis l'Eau et Corine la Terre…desséchée
au bout du compte. Les médias aiment ça. Le 20 juin 1995,
c'est une Corine chaleureusement applaudie et presqu’étonnée
que l'on retrouve dans l'émission Ça se Discute
consacrée au rock. L'occasion de diffuser un extrait de son documentaire-expérience
sur Memphis et le gospel.
Après l'été, on la retrouve sur France 3 dans une
émission sur les femmes musiciennes. On mise sur son expérience
et elle en parle d’abord volontiers. Et puis ce rôle de première
femme à faire du rock en France, de femme dans TELEPHONE finit
par lui peser et ne l’intéresse pas vraiment.
Ses apparitions publiques se font de plus en plus rares : la soirée
de sortie de '96, nouvel album solo de Louis, au Bus Palladium
en février 96, la soirée des 10 ans de Ça cartoon
à l'Elysée Montmartre, puis plus tard Dimanche en famille,
émission de Philippe Dana pour Canal +. Apparitions pas si publiques
que ça : à chaque fois, elle le fait plutôt par amitié
et par fidélité.
A l'heure où elle commence à parler d'album et que 3 titres
sont bien avancés, sort le coffret des 20 ans de TELEPHONE. Constat
amer, un des inédits, Je brûle, chanté par
Corine, est présenté dans une version "bout d'essai"
qu’elle n’a pas validée. De plus, les crédits
de la chanson ne reflètent pas la réalité et les
paroles sont retranscrites avec des erreurs insensées. Autre constat
amer, la rencontre simple qu'elle aurait aimée pour les vingt ans
de TELEPHONE prend une fois de plus une allure de plan complexe et irréalisable…
tout est annulé.
En cette fin d'année 1996, on la voit sur scène, fidèle
au poste, aux chœurs et même à la batterie, successivement
au New Morning puis au Réservoir pour les concerts de Louis. On
la voit plus tard prendre la basse au concert du Hot Brass.
Elle continue à écrire et à composer. Alors qu'elle
souhaite vivement la collaboration de Louis pour son album, ce dernier
tarde, toujours le nez dans la promo, les tournées et sa vie d’artiste
solo.
1998, on peut encore croiser Corine dans les sets parisiens de Louis,
d'Eurodisney jusqu'à la Salle Wagram en passant par la Cigale.
Sa vie publique est à son image : discrète. Elle participe
à la communication de l’association Homéopathes Sans
Frontières, association qui organise des formations à l'homéopathie
dans des pays comme le Togo, le Bénin ou encore le Cameroun.
L'année suivante débute enfin ce qu'elle attend le plus
: la réalisation de son album. En fait, certaines chansons traînent
dans un cahier depuis les années 80… autant dire tout un
pan de sa vie !
Les titres, composés à la guitare ou au piano, sont une
sorte de bilan personnel poétique, non pas une fin en soi mais
bien une porte vers l'avenir, un tremplin. Et l'avenir s'écrit
avec un "a" comme amitié : un ami psychothérapeute
co-signe les paroles de plusieurs titres, un ami accordéoniste
s'occupe des finitions, Louis joue beaucoup sur l'album, et Cyril son
bassiste signe la musique d’un titre. Mais l'album sera une surprise
pour le public, et même une révélation. Corine nous
balade à travers le courant de ce qu’elle a vécu,
voguant sur des influences musicales allant de l'éternelle Rickie
Lee Jones, à la B.O. du film La Leçon de Tango,
en passant par les Chieftains, Bob Marley, Allen Toussaint ou le ressuscité
Buena Vista Social Club.
Mi-1999, cinq titres sont déjà bien avancés. En fait
l'enregistrement s'étale sur 1999 et 2000, au gré des disponibilités
de Louis qui produit l'album. Sécurité, faiblesse ou fidélité,
le choix de Louis pour la production ? Peut-être les trois en même
temps. L'album simplement intitulé Corine, sort avec un
an de retard le 22 janvier 2002 chez Atmosphériques, au milieu
de problèmes de distribution perturbants. Une tournée est
prévue dans la foulée. La promo commence, la route n'est
pas loin.
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Scènes
et coulisses (2002-2009…)
Cet album porte réflexions, messages et espoirs. Dans des textes
très autobiographiques, Corine évoque avec un joli recul
les hommes de sa vie, la naissance de sa fille - à qui l’album
est dédié - la vie de femme, une intimité effleurée
simplement, presque naïvement. Ses mots touchent au plus profond
et concernent tout un chacun.
L’album va étonner, certains découvrant l’image
d’une Corine insoupçonnée, bien différente
de son image dans TELEPHONE et dans LES VISITEURS. Deux reprises agrémentent
l’album : You Don’t Have To Cry de Stephen Stills
(que Corine a choisi de chanter après un déjeuner avec Jean-Louis
Aubert, invité chez elle pour parler d’une reformation éventuelle
de TELEPHONE), et une Marseillaise revisitée et intitulée
Berceuse ; l’adaptation, vibrante et humaniste, est une
petite provocation - ou peut-être une petite convocation - et entraîne
de nombreuses réactions.
Enfin !… un concert privé marque le lancement de l’album
– repoussé de mois en mois en raison des problèmes
entre la maison de disques et son distributeur - le 3 février 2002
à La Scène. Entourée de 2 musiciennes et de 4 musiciens
qu’elle a soigneusement sélectionnés, dont 2 issus
de l’équipe de Thomas Fersen, Corine s’empare en première
ligne de la scène, avec émotion et trac. Les deux producteurs
artistiques de l’album, Louis Bertignac et l’accordéoniste
Marc Berthoumieux, font des apparitions très remarquées.
Le lendemain sort le single QQJT’M. En soirée, on
retrouve Corine pour son premier concert public au Nouveau Casino. C’est
le début d’une période de promo compliquée
-au milieu des élections présidentielles - qui s’étale
jusqu’à l’été, avec quelques émissions
et titres live (Pont des Artistes, Dom Kiris, Fête
de la Musique sur RTL), une mini-tournée acoustique des Fnac
et une presse qui semble vraiment convaincue.
Après un nouveau concert parisien au Café de la Danse en
avril et deux dates en été, une tournée est annoncée
d’octobre 2002 à janvier 2003 avec 22 dates. Mais plusieurs
concerts sont annulés, faute de réservations suffisantes.
C’est la conséquence d’une sortie tardive, mal planifiée,
et d’un manque évident de promotion, d’autant plus
rageants que les concerts de Corine et du groupe font une excellente impression,
notamment à la Cigale.
Sans compter un véto du staff de Jean-Louis Aubert pour un concert
de Corine aux Effervessonnes le même soir que lui ! Le passé
a laissé ses traces.
De mars à juillet 2003, une dizaine de concerts va émailler
en pointillés la vie du groupe, à Vanves, Rouen, Pontault
Combault, Wattrelos, Montauban, Chateauroux… Enfin, c’est
soutenue par Cyril Denis à la basse et Christophe "BatBat"
Gauziède à la batterie que Corine donne le dernier concert
de la tournée, dans un festival gratuit en plein air à La
Roche Sur Yon, et reprend l’inattendue Argent Trop Cher
de TELEPHONE. Le public et le succès sont là ; indéniablement,
Corine est à sa place sur scène.
Pendant ce temps, la maison de disques tâtonne, change de distributeur
et ne semble alors plus vouloir soutenir la nouvelle carrière de
Corine.
Corine revient à sa vie privée, même si paraissent
plusieurs interviews, notamment une pour l’ouvrage Amour, Sexe
et Spiritualité qui regroupe des entretiens accordés
par une vingtaine d'auteurs, thérapeutes, philosophes et artistes
à la revue Nouvelles Clés. Son entretien, intitulé
La sexualité est une recherche de spiritualité non consciente,
aborde ouvertement sa quête, ses rencontres avec des thérapeutes
et son travail d’analyse.
En coulisses, Corine travaille toujours autant. Elle s’investit
d’abord longuement dans l’élaboration du premier double
DVD de TELEPHONE, TELEPHONE 1976-1986, et supervise la sortie
d’un coffret Platinum Collection regroupant 60 titres du
groupe. Le double DVD est un événement pour les fans, avec
notamment le film TELEPHONE PUBLIC, des reportages, des lives
inédits et des archives du groupe.
Mais Corine commence surtout la rédaction d’un récit
autobiographique et signe un contrat avec Flammarion en 2004. C’est
un long travail. Elle progresse délicatement dans l’écriture,
avec l’exigence qu’on lui connaît, notamment sur les
périodes les plus sensibles, voire douloureuses. Le livre s’écrit
doucement, suivant les aléas de sa vie.
Parallèlement, elle réalise avec ses musiciens, fidèles,
quelques maquettes, mais le silence destructeur de la maison de disques
la décourage pour un temps.
Fin 2005, Corine fait deux apparitions sur scène. La première,
à l’occasion d’un concert de soutien aux otages colombiens
et à Ingrid Bétancourt (alors otage des FARC depuis 3 ans),
organisé au Théâtre du Rond-Point à Paris :
elle chante a capella le titre Realidad sur des paroles d'Alvaro
Escobar (qui avait déjà cosigné plusieurs titres
de l’album). La seconde, lorsqu’elle assiste à un showcase
de Louis Bertignac à la Fnac Montparnasse. D'abord montée
sur scène pour les choeurs de Ces Idées-là,
elle y reste finalement pour les 5 dernières chansons.
Les mois passant, Corine choisit de mettre de l’ordre dans les sources
audios et écrites des archives de TELEPHONE, totalement à
l’abandon chez EMI. Toutes les sources sont vérifiées,
retravaillées. Alors qu’approchent les 30 ans depuis le début
du groupe, elle s’attelle à une réalisation de qualité
des remasterisations des albums et à la préparation d’une
nouvelle compilation.
Et puis, Corine continue l’écriture de son livre… au
fil du temps.
Le Fil Du Temps sort en librairie en octobre 2006 après
presque 3 ans de travail. Corine s’y montre totalement transparente
sur son existence, son éducation, sa jeunesse, sa culture, ses
amis, puis le groupe TELEPHONE et sa fin. Les critiques sont sensibles
et élogieuses envers une femme sincère, décrivant
d’une manière subtile et poétique les évènements
les plus crus, dans un souci constant de vérité et de partage.
Tout y est démystifié, abrupt, passionnant. L’enfance,
l’autorité à la maison, la porte fermée à
une destinée de saltimbanque, les lectures, les chansons, la rue
qui l’appelle. La révolte qui gronde en elle, pas seulement
celle de 68, sa propre révolte. Le bac, les amis brillants, les
colos et l’Amérique, le premier groupe de folk et finalement
la porte des parents qui claque.
Puis Louis, suspendu, la communauté à Saint-Cloud, l’héroïne
et les spaghettis, la danse et la basse au milieu de tout ça. TELEPHONE,
Faits Divers, la banlieue accueillante, le 45-tours du Bus, Phlippe
Constantin pour Pathé, puis l’emballement… et sur le
rythme infernal des studios/tournées, les problèmes d’ego
et de fric avec Jean-Louis, la relation avec Louis, une tentative de suicide,
la relation avec Jean-Louis, les pays traversés, Iggy, les chansons
refusées, Jagger en vrai, l’image salie de l’amour,
l’écart qui se creuse, Eric Serra, le bonheur apparent et
factice sur la tournée Un Autre Monde, Alan, Moi Vouloir
Toi, une tournée d’été, la dernière.
Enfin le piano à queue pour Le Jour s’est levé, Bercy
annulé et le petit bureau rue de Belleville pour une ultime réunion.
C’est notamment la première fois que TELEPHONE est raconté
de l’intérieur et tout semble désormais lié.
De manière simple et pudique, Corine explore les jeux et les sentiments
humains à travers sa propre histoire, celle d’une femme née
à Paris au début de la deuxième moitié du
XXème siècle. Dans ce tome 1 de l’autobiographie de
Corine, tout est mis en lumière, mais avec un éclairage
doux et chaud, hospitalier.
Quelques semaines plus tard sortent les albums remasterisés de
TELEPHONE avec les livrets consciencieusement corrigés par Corine
ainsi qu’un double CD TELEPHONE ILLIMITÉ, comprenant
une compilation remasterisée et un Live inédit concocté
par Corine -après des centaines d’heures d’écoute-
avec des titres enregistrés sur scène entre 1977 et 1981,
transmettant l’énergie magnifique et brute des débuts
du groupe.
Corine profite de la période de sortie du livre pour rencontrer
son public à l’occasion de dédicaces, comme au Salon
du Livre.
Mais l’histoire semble bégayer. A son tour, c’est la
maison d’édition qui se mure dans le silence et se dédie
d’un tome 2 initialement prévu. Corine prend ses distances
vis à vis de ces petits soldats du profit rapide et sans risque.
Et dans ces vents contraires, en navigatrice solitaire, elle reste confiante
malgré tout, fidèle à une véritable éthique
de vie.
On la retrouve en février 2008, tenant le premier rôle dans
un court métrage contre les discriminations, En Attendant Demain,
réalisé par Pascal-Alex Vincent suite à un concours
organisé par le CRIPS, avec une diffusion sur TF1, ARTE, CANAL+,
en salles et dans les festivals du court métrage.
Et puis elle suit les classes très réputées de Jack
Waltzer, ancien de l’Actor’s Studio, toujours attirée
par le métier d’actrice.
Aujourd’hui, qui peut savoir ce que Corine nous prépare ?
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